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♦ Membre ajouté par les chercheurs :
Tout voir, tout entendre, tout savoir. Être au courant de tout, même pour l'oublier quelques minutes plus tard. Mon membre + remplit cette exigence, même si ce n'est que partiellement. Ce sont mes yeux, ces yeux d'un vert terne et usagé, comme sorti d'une vieille peinture de mauvaise qualité. S'il ont cette apparence délavée, c'est peut-être parce que je ne me lasse jamais de les utiliser. Mes yeux voient au travers des choses, font apparaître les objets lointains comme proches, transforment l'obscurité et la lumière forte. Au début, je ne voyais que des formes brouillées, superposées, je gardais constamment les yeux fermés. Et petit à petit, j'ai fini par m'y habituer, à accepter ces yeux anormaux, à m'en servir, et finalement, à les aimer. Je ne les maîtrise pas totalement, ils sont la cause de ma maladresse excessive et de mes maux de têtes, mais ils font à présent partie intégrante de mon être, et je ne me vois pas vivre sans.>
ici )
Tu vois cette adolescente, assise sur un banc, la tête entre les mains ? Tu aperçois ses long cheveux roux qui descendent en cascade sur ses épaules, et qui renvoient les rayons du soleil comme un miroir ? Dans quelques instants, elle relèvera la tête, et tu auras juste le temps de discerner des yeux d'un vert terne, presque mort, dans lesquels plus aucun éclat ne brille, avant qu'elle ne les cache derrière sa chevelure imposante. Ses cheveux, en dehors de son membre+, sont sa seule fierté, et pour rien au monde elle ne les couperait ou leur ferait subir une teinture. Son nez souverainement droit dépassera, et dans le mince interstice qui se découpera entre ses cheveux, tu pourras discerner une bouche d'un rose clair, tordue en un mince rictus. Sa peau est d'une pâleur presque effroyable, à la limite de la transparence. C'est la raison pour laquelle elle ne l'aime pas. Fais descendre tes yeux. Des épaules frêles, des bras fins, qu'on aurait peur de casser au moindre contact, terminés par des mains enfantines, aux ongles rongés et irréguliers. Une poitrine normale, une taille banale, à la limite de la minceur sont cachées par un bout de tissu indéfinissable mais néanmoins large. Si tu descends encore, tu pourras apercevoir un large pantalon, qui cache de fines jambes, tu l'auras deviner, toutes aussi blanches que son visage. Ce tableau se termine par des pieds, qui semblent avoir arrêter de grandir depuis des lustres.
Cette adolescente que tu observes, cet être qui semble se remettre en question et se demander pourquoi elle est ici, c'est moi, Armonia.
J’ai toujours aimé les livres. Petite, je passais des heures enfermée dans la bibliothèque de la vieille maisons de mes grands-parents, à lire ce qu’il me passait sous la main. Et quand venait l’heure d’aller me coucher, j’inventais à mon tour des histoires, étranges ou féeriques, absurdes ou banales. Mes amis étaient pour la plupart tous droits sortis de mon esprit. Je pouvais leur faire faire ce que ce voulait, et ce qui me déplaisait chez les personnes de chair et de sang, c’était qu’elles semblaient échapper à ma volonté. C’est sûrement pour cette raison que je n’ai jamais réussi à m’entendre avec quiconque. Aujourd’hui encore, même si j’ai passé l’âge d’inventer des contes sans queue ni tête, je repense parfois à ces histoires qui ont rythmé mon enfance, qui ont bouillonné dans mon esprit, alors qu’à l’extérieur, je n’étais qu’une petite fille sage et timide.
Sage, je ne sais pas, même si ma maladresse tend à penser que je ne respecte rien, et que je me fiche de ce qui m’entoure. Alors qu’au fond, je suis toujours désolée pour l’objet que je viens de casser, ou l’écharpe que j’ai tachée. Je suis parfois plus triste pour les objets que pour les personnes. N’allez tout de même pas croire que je suis sans cœur.
Timide, je le suis encore. Je n’arrive à parler qu’aux gens que je connais très bien, qui peuvent se compter sur les doigts d’une seule main. Je ne souris presque jamais, peut-être parce que je trouve fatigant de faire travailler les dix-sept muscles qui nous permettent de sourire.
Parfois, j’en viens à me dire que je pourrais vivre sans ma bouche. Je me souviens de ces dessins, qui montraient des personnages sans yeux, sans nez, ou sans bouche. Je pourrais être le dernier. Par contre, je ne pourrais pas être le personnage sans oreilles. J’adore écouter les gens parler, même si je ne le montre pas. J’adore écouter tous ces petits bruits du quotidien, que beaucoup ne remarquent même plus : le bruit de la pluie qui tombe, d’un caillou qui tombe dans l’eau, de l’herbe que l’on foule, du vent dans les cimes des arbres...
Pour ce qui est de mes goûts, pas grand-chose d’intéressant. J’adore les pays froids, l’hiver et la neige, j’adore observer le monde qui m’entoure, j’adore toutes ces choses futiles qui me ravissent, comme sentir l’odeur des vieux livres, mélanger le sucre dans le thé, regarder un ballon de baudruche s’envoler… Je mange de tout, même si je pourrais me nourrir uniquement de gâteaux au gingembre, tant j’aime ça. J’aime beaucoup le passé, dans lequel j’ai tendance à perdre un peu trop souvent, mais je me contente de ma vie actuelle, qui somme toute, semble me convenir plutôt bien.